Quel nom revient toujours quand on parle de récompenses et de magie au cinéma ? Celui de Walt Disney. L’homme n’a pas juste gardé son nom gravé dans l’histoire pour avoir dessiné une souris en short rouge. Il détient aussi un record presque irréel : 26 Oscars gagnés personnellement. Oui, vingt-six. Même mon chat Oliver aurait du mal à compter jusqu’à là. Vous savez, décrocher un Oscar, c’est déjà un rêve fou pour des acteurs et réalisateurs du monde entier. Mais 26 sur une même étagère, ça commence à prendre plus de place qu’une collection de BD. Dans un secteur où la concurrence est féroce et où chaque statuette est convoitée comme un trésor, Walt Disney s’est hissé bien au-delà des attentes les plus folles. Pourtant, ce record ne se limite pas à une question de chiffres. Il raconte surtout comment la passion d’un homme a bouleversé l’univers du cinéma, du court métrage à l’animation en passant par des technologies révolutionnaires.
Au départ, rien n’indiquait que Walt Disney deviendrait le roi des Oscars. Originaire de Chicago, il grandit dans une famille modeste. Les premières années ne sont pas douces : studios rejetés, projets tombés à l’eau. On oublie souvent qu’il a connu la faillite avant même la naissance de Mickey. Mais Walt avait la peau dure. Vous imaginez, à l’époque, proposer des dessins animés dans une Amérique qui sort de la Première Guerre mondiale ? C’est le genre de pari qui fait rire les banquiers. Pourtant, il persévère, bidouille son premier studio dans un garage et envoie en 1928 la souris la plus célèbre du monde sur les écrans : Mickey Mouse dans "Steamboat Willie". Premier coup de génie : associer le son au dessin animé. Son timing n’aurait pas pu être meilleur. C’est le début de l’ère dorée.
Il ne s’arrête pas là. Très vite, il expérimente de nouvelles techniques, bricole avec les couleurs et la musique. En 1932, il sort la série "Silly Symphonies" et se paie le luxe de repartir avec son tout premier Oscar pour "Flowers and Trees". Petit moment "wow" : c’était aussi le premier court-métrage animé en couleur. On est loin de l’engouement actuel pour l’animation, mais Walt capte déjà l’attention de l’Académie et du public. Et c’est là que tout s’accélère : chaque nouvelle création repousse les limites.
Les collaborations avec des compositeurs, le recrutement de vrais animateurs talentueux et l’apprentissage constant de nouvelles techniques donnent un coup de fouet à la petite entreprise. Certains soirs, Walt reste travailler jusqu’à minuit pour superviser les dessins. Pas de TikTok pour se distraire, juste des crayons, des idées, et toujours cette envie de surprendre. Le monde découvre très vite qu’avec Disney, rien n’est jamais « assez » : il veut toujours aller un peu loin.
Arrêtons-nous un instant sur ce fameux score : 26 Oscars remportés personnellement. Pas 26 pour le studio. Non, ils sont attribués à Walt Disney en tant que personne. C’est unique à Hollywood et, soyons honnête, c’est peu probable qu’on voie quelqu’un battre ce record de notre vivant. Le plus impressionnant, c’est que le compte monte à 59 nominations. C’est vertigineux, même pour quelqu’un qui a l’habitude des tapis rouges. D’ailleurs, sur ces 26 Oscars, 22 sont des trophées "officiels" dans diverses catégories comme le court-métrage, le documentaire, ou encore le film d’animation. Les 4 autres sont des Oscars honorifiques pour des avancées révolutionnaires – dont celui, absolument mythique, offert en 1939 pour "Blanche-Neige et les Sept Nains". Petit clin d’œil : cette année-là, l’Académie fabrique une statuette taille normale et sept miniatures pour symboliser les sept nains.
Qu’est-ce qui explique un tel palmarès ? L’innovation perpétuelle. Walt ne s’est jamais reposé sur ce qu’il savait faire. Il expérimente le Technicolor, invente la « caméra multiplane » pour donner de la profondeur aux décors, et raconte des histoires qui frappent pile au cœur. Aucune autre figure du cinéma n’a su autant bousculer les codes à coups de créativité et de travail d’équipe. La plupart des récompenses sont tombées en rafale dans les années 1930 à 1960, pile à l’époque où le dessin animé passait de « gadget amusant » à « vrai art cinématographique ». Un gouffre sépare l’avant et l’après Disney.
Petit fait inattendu : pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans la production de films éducatifs et militaires pour soutenir l'effort de guerre, engrangeant encore des Oscars documentaires. C'est aussi la période où il devient un modèle du réalisateur producteur touche-à-tout, inspirant tout un tas de jeunes qui rêvaient, eux aussi, de rendre les dessins vivants.
On pourrait penser que Walt Disney n’a récolté ses Oscars qu’avec Mickey et Blanche-Neige mais la réalité est bien plus large. Il a transformé un art artisanal en industrie mondiale. Avant lui, le cinéma d’animation ressemblait à une série de gags muets pour enfants. Après lui, c’est devenu une expérience sensorielle, avec un vrai scénario, une bande son, une narration prenante et une patte visuelle reconnaissable.
Prenons "Fantasia" sorti en 1940. Personne n’avait imaginé allier musique classique et aventures animées sur grand écran, dans une fresque aussi ambitieuse. Résultat : succès critique, installation du son stéréo dans les salles et deux Oscars spéciaux à la clé. "Dumbo" en 1941 ou "Bambi" en 1942 poussent l’émotion encore plus loin. Le secret de Disney ? S’entourer d’une équipe soudée, composée non seulement d’animateurs mais aussi de conteurs, musiciens et techniciens à la pointe. Il avait le chic pour repérer les talents bruts : Ub Iwerks, Mary Blair, ou les fameux "Nine Old Men" qui formeront la génération dorée des animateurs Disney.
Au fil des décennies, le studio ne cesse d’innover. La fameuse "caméra multiplane" permet des travellings vertigineux qui donneront naissance à des scènes cultes comme dans "Pinocchio". Walt prouve qu’on peut transformer une salle obscure en machine à rêves, en s’appuyant autant sur la technique que sur l’émotion. Ce n’est pas juste une question de faire rire, c’est aussi toucher le spectateur au cœur. Et ça, l’Académie n’a jamais manqué de le récompenser.
La vraie leçon à retenir, c’est que l’animation n’est jamais un genre mineur. Walt Disney a prouvé qu’avec du culot, de l’innovation et une bonne dose de rêve, on peut transformer un croquis sur un coin de nappe en chef-d’œuvre immortel. Sa collection d’Oscars n’est pas un hasard, mais le fruit de décennies de travail à contre-courant.
L’histoire des Oscars ne serait pas celle qu’on connaît sans l’empreinte Disney. Le palmarès de Walt influe encore aujourd’hui sur les critères de l’Académie : innovation technique, narration originale, influence sur le public. Avant Walt, l’animation restait une parenthèse sympathique dans les cérémonies. Après lui, c’est un passage obligé. On lui doit aussi la professionnalisation du métier d’animateur. Le studio Disney devient un tremplin pour des artistes qui lanceront eux-mêmes des carrières exceptionnelles, parfois même hors des murs de Burbank.
Dans les années 50, Disney s’essaie même aux documentaires animaliers avec les "True-Life Adventures". Là encore, la moisson d’Oscars continue. Il pose les fondations du documentaire moderne, en mêlant récit, pédagogie et émotion. Peut-être vous souvenez-vous de "Le Désert Vivant" – sa façon de raconter la vie d’un lézard a captivé aussi bien les enfants que les scientifiques. C’est donc un peu grâce à lui si la nature et l’environnement trouvent leur place dans le septième art.
L’autre coup de maître, c’est l’utilisation de la technologie. Qui a popularisé la caméra multiplane ? Disney. Qui a osé les premiers longs-métrages animés en couleurs ou synchronisés avec des orchestres entiers ? Disney encore. Son obsession pour l’innovation fait avancer tout le milieu. À chaque Oscar, c’est une nouvelle porte qui s’ouvre pour les générations suivantes. Pixar, Dreamworks, Ghibli… tous citent Disney comme source incontournable d’inspiration. D’ailleurs, chaque année, les nominations pour les Oscars d’animation prennent racine dans ce que le vieux Walt a semé.
Beaucoup se sont frottés au record de Walt Disney, mais personne n’a réussi. Même Steven Spielberg, John Williams ou Katharine Hepburn – pourtant tous bardés de récompenses – restent loin du compte. Pourquoi ce record tient-il toujours la route ? D’abord parce que Disney cumulait les casquettes : producteur, réalisateur, scénariste, inventeur et même voix de Mickey. Il soumettait chaque année plusieurs courts-métrages ou longs dans différentes catégories. Ensuite, parce que l’offre et la demande ont changé : il y avait à l’époque plus d’opportunités de gagner un Oscar "documentaire" ou "court-métrage" pour un même artiste, ce qui est moins courant aujourd’hui.
Quelques histoires méconnues entourent cette pluie de Oscars. Par exemple, Walt n’a jamais assisté à toutes les cérémonies. Il préférait souvent rester bosser sur un nouveau projet plutôt que d’aller chercher ses statuettes. Lorsqu’il recevait un Oscar, il l’offrait sans hésiter à ses équipes, persuadé que le vrai héros était le collectif. Côté humour, il n’était jamais contre une auto-dérision sur sa manie de collectionner les trophées, allant jusqu’à transformer son bureau en mini-musée. D’ailleurs, une légende court selon laquelle ses Oscars servaient aussi à caler une porte !
Depuis sa mort en 1966, le record géant tient bon, et chaque année, on se demande si le prochain prodige de l’animation parviendra à détrôner le maître. Pour l’instant, rien à signaler. Mais ce qui est certain, c’est que derrière chaque statuette, il y a une petite dose de risque, une grande pincée de folie… et beaucoup de travail de nuit, croyez-moi. Si un jour Oliver arrive à décrocher autant de médailles à un concours de chats, il aura le droit à son propre Oscar.