Quand Emma Stone a débarqué à Hollywood à 18 ans, personne ne la voyait comme la future gagnante de l’Oscar. Elle jouait des rôles de fille mignonne, un peu niaise, dans des comédies qui ne laissaient pas beaucoup de place à la profondeur. Mais ce n’était pas un échec. C’était une stratégie. Elle savait que pour être prise au sérieux, il fallait d’abord exister. Et elle a construit sa carrière comme on construit une maison : une pierre à la fois, en choisissant soigneusement chaque brique.
Le début : les rôles de soutien qui ne disent pas tout
En 2007, dans Superbad, elle incarne la belle jolie qui fait tourner la tête du héros. Ce n’est pas un grand rôle, mais c’est un rôle visible. Les spectateurs la remarquent. Pas pour sa technique, mais pour son naturel. Elle ne joue pas la comédie - elle la vit. Cette capacité à être crédible même dans les rôles les plus superficiels a été sa première arme. Puis vient Zombieland en 2009. Là, elle joue une survivante pleine d’humour, de peur et de courage. Elle ne se contente pas de sourire. Elle réagit. Elle hurle. Elle pleure. Et elle fait rire sans forcer. C’est là que les réalisateurs ont commencé à la voir comme une actrice, pas juste une actrice comique.
La révélation : La La Land et le moment où tout a changé
Avant La La Land, Emma Stone avait déjà joué dans des films dramatiques : Easy A, Birdman, The Help. Mais aucun ne l’avait placée au centre d’un récit aussi ambitieux, aussi musical, aussi émotionnel. Dans La La Land, elle incarne Mia, une actrice en devenir qui lutte pour ne pas abandonner ses rêves. Elle chante, elle danse, elle pleure, elle crie. Et surtout, elle ne triche pas. Son interprétation de la scène du piano, où elle joue seule dans un théâtre vide, n’a pas été répétée dix fois. Elle a été filmée en un seul plan, avec ses larmes réelles, son souffle irrégulier, sa voix qui tremble. C’est ce moment-là qui a fait basculer sa carrière. Le public a vu une actrice qui ne se cache pas. Et l’Académie l’a reconnue.
Le prix : ce que l’Oscar ne dit pas
Gagner l’Oscar en 2017 pour La La Land n’était pas une fin. C’était une validation. Mais ce qui est plus important, c’est ce qu’elle a fait après. Elle n’a pas cherché à répéter le même rôle. Elle a choisi Battle of the Sexes, où elle joue Billie Jean King, une féministe qui a défendu l’égalité dans le tennis. Puis Poor Things, où elle incarne une femme réanimée, étrange, sauvage, pleine de curiosité et de violence. Ces rôles n’ont rien à voir avec la fille mignonne de Superbad. Ils sont complexes, dérangeants, exigeants. Et elle les assume pleinement. Elle ne cherche pas à plaire. Elle cherche à être vraie.
Le secret : elle ne joue pas les rôles - elle les habite
Beaucoup d’actrices changent de style pour être prises au sérieux. Emma Stone, elle, change de peau. Pour Poor Things, elle a appris à marcher comme une enfant, à parler avec une voix qui n’est pas la sienne, à réagir comme quelqu’un qui découvre le monde pour la première fois. Elle a étudié les mouvements des personnes atteintes de troubles neurologiques. Elle a travaillé avec des coachs de mouvement pendant des mois. Elle ne fait pas semblant. Elle devient. Ce n’est pas du talent. C’est du travail. Et c’est ce que les gens oublient : derrière chaque performance magique, il y a des semaines de répétitions, de doutes, de sueur.
Les rôles qui l’ont faite : une sélection clé
- Superbad (2007) - Son premier rôle majeur. Elle y incarne la fille parfaite, mais avec une pointe d’ironie qui la rend humaine.
- Zombieland (2009) - Elle montre qu’elle peut être drôle sans être stupide, forte sans être caricaturale.
- Easy A (2010) - Une comédie qui lui permet de montrer son sens de la répartie et son charme naturel.
- Birdman (2014) - Son premier rôle dramatique sérieux. Elle y joue la fille d’un acteur en crise, avec une intensité rare.
- La La Land (2016) - Le tournant. Elle chante, danse, pleure, et gagne l’Oscar. C’est ici qu’elle passe du statut d’actrice populaire à celui d’icône.
- Poor Things (2023) - Son rôle le plus audacieux. Elle incarne une femme réinventée, sans peur, sans filtre. Un rôle qui défie les normes de la beauté féminine au cinéma.
Comment elle choisit ses rôles : une logique simple
Emma Stone ne suit pas les tendances. Elle ne joue pas ce qui est à la mode. Elle choisit ce qui la dérange. Ce qui la fait peur. Ce qui la fait douter. Elle a dit un jour : "Je ne veux pas jouer quelqu’un que je comprends. Je veux jouer quelqu’un que je ne comprends pas, et qui me force à changer." C’est pourquoi elle a refusé des rôles dans des blockbusters pour jouer dans des films indépendants avec des budgets minuscules. Elle n’a pas besoin de l’argent. Elle a besoin de la vérité.
Elle n’est pas une star - elle est une artiste
Les stars se font connaître. Les artistes se font respecter. Emma Stone n’a jamais cherché à être la plus célèbre. Elle a voulu être la plus sincère. Elle ne donne pas d’interviews pour parler de ses robes ou de ses relations. Elle parle de ses personnages. De leurs douleurs. De leurs contradictions. Elle est l’une des rares actrices d’Hollywood à ne pas avoir peur de dire : "Je ne sais pas comment faire ça. Mais je vais apprendre."
Que peut-on apprendre de son parcours ?
Beaucoup pensent que pour réussir à Hollywood, il faut être belle, jeune et chanceuse. Emma Stone prouve le contraire. Elle a réussi parce qu’elle a été patiente. Parce qu’elle a accepté les petits rôles. Parce qu’elle a travaillé plus que les autres. Parce qu’elle a eu le courage de ne pas ressembler à ce qu’on attendait d’elle. Elle n’a pas attendu qu’on lui donne une chance. Elle l’a construite, rôle après rôle, film après film.
Elle n’est pas devenue star en un seul film. Elle l’est devenue en dix ans de choix courageux. En refusant de se répéter. En acceptant d’être incomprise. En osant être vulnérable. Ce n’est pas une histoire de talent. C’est une histoire de discipline. Et c’est ce qui la rend vraiment exceptionnelle.
Pourquoi Emma Stone a-t-elle gagné l’Oscar pour La La Land ?
Elle a gagné l’Oscar parce qu’elle a porté un rôle extrêmement exigeant avec une authenticité rare. Elle a dû chanter, danser, jouer la joie, la dépression, l’espoir et la défaite en une seule performance. Ce n’était pas une interprétation technique - c’était une révélation émotionnelle. Le public et l’Académie ont senti qu’elle ne jouait pas Mia - elle était Mia.
Emma Stone a-t-elle toujours voulu être actrice ?
Oui, mais pas de la manière qu’on imagine. À 13 ans, elle a commencé à jouer dans des pièces de théâtre locales en Arizona. Elle ne rêvait pas de stars sur les affiches - elle voulait juste dire des lignes et faire ressentir quelque chose aux gens. C’est cette envie simple, profonde, de communiquer par l’émotion, qui l’a guidée toute sa carrière.
Pourquoi a-t-elle choisi Poor Things après l’Oscar ?
Parce qu’elle voulait briser les attentes. Après avoir été récompensée pour un rôle classique, elle a choisi un personnage qui défiait les normes de beauté, de genre et de comportement féminin. Elle voulait prouver que l’Oscar ne la limitait pas - il la libérait. Ce rôle était une déclaration : elle ne jouera plus jamais ce qu’on attend d’elle.
Est-ce qu’Emma Stone est une actrice de cinéma ou de télévision ?
Elle est avant tout une actrice de cinéma. Elle a fait très peu de télévision, et seulement au début de sa carrière. Elle choisit des films qui offrent une profondeur narrative que la télévision ne permet pas toujours. Son style d’interprétation - nuancé, silencieux, émotionnellement dense - est fait pour l’écran large, pas pour les séries.
Quels sont les films à voir pour comprendre son évolution ?
Commencez par Superbad pour voir son début, puis Zombieland pour comprendre son humour, Easy A pour son charme, Birdman pour sa transition dramatique, La La Land pour son apogée, et enfin Poor Things pour voir où elle en est aujourd’hui. Ces cinq films forment une trajectoire artistique unique.