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Oscars refusés : Les deux acteurs qui ont dit non à l’Académie

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Oscars refusés : Les deux acteurs qui ont dit non à l’Académie
Par Gaspard Duval, mai 10 2025 / Cinéma

Le tapis rouge réunit chaque année les plus grandes stars, tout le gratin du cinéma prêt à toucher du doigt le rêve américain version statuette dorée. Et pourtant, l’histoire cache des grains de sable, des acteurs qui ont, contre toute attente, refusé de monter sur scène pour recevoir l’Oscar qui leur était destiné. Deux choix audacieux, rarement oubliés dans les coulisses des Oscars : Marlon Brando et George C. Scott. Pas surprenant que ces deux légendes aient secoué les codes, chacun à leur façon, en refusant le prix suprême. Leur refus a déclenché des discussions enflammées et laissé une trace brûlante dans la mémoire collective d’Hollywood. Pourquoi dire non à l’Oscar, alors qu’il fait rêver des générations entières et symbolise la reconnaissance ultime ? L’histoire ne se résume pas à un simple caprice d’acteur, mais à un acte de contestation, tourné vers des revendications sociales ou philosophiques qui dépassent le simple fait de gagner.

Marlon Brando : Un refus à la hauteur du mythe

Marlon Brando n’était pas du genre à mâcher ses mots ou à suivre le troupeau. Quand il a appris en 1973 qu’il recevait l’Oscar du meilleur acteur pour sa performance monumentale dans "Le Parrain", tout Hollywood s’attendait à un moment historique. Mais Brando a décidé d’en écrire un tout autre. Il a choisi de boycotter la cérémonie, une décision réfléchie, pesée, et tournée vers une cause sociale. À sa place sur la scène du Dorothy Chandler Pavilion, ce n’est pas lui mais Sacheen Littlefeather, une militante amérindienne, qui a déboulé – vêtue d’une robe traditionnelle apache. Elle a lu un discours poignant expliquant le refus de Brando : protester contre la représentation des Amérindiens à Hollywood et le traitement qu’ils subissaient aux États-Unis. Une caméra médusée, des invités divisés : si certains applaudissent, d’autres huent.

Le coup d’éclat de Brando a résonné loin puisque son refus a fait basculer la cérémonie dans une autre dimension, soudainement politique, au-delà du simple show. Détail souvent oublié : avant de choisir Sacheen Littlefeather (de son vrai nom Marie Louise Cruz), Brando avait envisagé d’envoyer un ami avocat pour porter ce message, mais il a jugé que l’impact serait plus que décuplé s’il impliquait une voix directement concernée par la cause. Hollywood, habitué à ses frasques, n’avait sans doute pas imaginé ce coup de théâtre. Le discours n’a pas été diffusé en entier à la télévision américaine, et la jeune femme a été escortée hors des coulisses par la sécurité sur ordre de la production, après avoir été hué par certains acteurs et producteurs présents.

Mais Brando n’a jamais regretté sa décision. Il a réaffirmé quelques jours plus tard que les images de cowboys massacrant des Indiens dans les westerns américains, ou l’absence de vrais rôles pour les acteurs amérindiens, n’étaient plus tolérables. Sa lettre, lue en partie par Littlefeather, pointait aussi la façon dont l’affaire de Wounded Knee était passée sous silence par les médias. Pour l’anecdote, la statuette de Brando n’a jamais été envoyée chez lui : elle est restée dans les coffres de l’Académie, et ses relations avec ce cénacle déjà tendues se sont définitivement rompues. En France comme aux États-Unis, la presse a relayé l'événement et les débats passionnés sur la prise de parole d’un acteur superstar. Brando a ouvert la voie à une nouvelle forme de contestation par l’art, où la reconnaissance publique peut être transformée en tribune engagée.

AnnéeActeurFilmCatégorieRéaction lors de la cérémonie
1973Marlon BrandoLe ParrainMeilleur acteurDiscours de protestation lu par Sacheen Littlefeather

George C. Scott : Le refus catégorique du système

George C. Scott, c’est l’autre grand nom associé au refus de l’Oscar. Célèbre pour ses rôles puissants et souvent hargneux, il avait déjà posé les bases de son désamour avec Hollywood plusieurs années avant de recevoir la récompense. Adepte d’un jeu brut, authentique, et considéré comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération, Scott ne supportait pas l’idée de compétition entre artistes. Quand il a été nommé – et a remporté – l’Oscar du meilleur acteur en 1971 pour "Patton", il ne s’est même pas déplacé à la cérémonie. Son absence n’a surpris que ceux qui ne connaissaient pas son opinion tranchée. Scott avait qualifié la cérémonie de "parade de viande", déclarant que personne ne pouvait comparer honnêtement le talent d’acteurs qui acceptaient des rôles, des scripts et des directions artistiques très différents. Il avait explicité à l’Académie, avant même la soirée : « Je ne veux pas de cette récompense, ne me nommez pas ».

Quand il a finalement gagné, la statuette a été envoyée par la poste, mais il l’a rapidement retournée à l’expéditeur. L’ironie ? Scott avait déjà refusé une nomination pour un Oscar de second rôle en 1962 pour "Le Plus Sauvage d’entre tous" (The Hustler), ce qui montrait la cohérence de sa démarche. À l’époque, Hollywood avait pris cette décision comme une fantaisie un peu snob ; avec le temps, elle est devenue un symbole de contestation du star system. Anecdote marquante : la décision de Scott a poussé d’autres acteurs à réfléchir au sens de la récompense, entamant le débat sur la légitimité des Oscars comme référence absolue de qualité artistique.

Le discours de Scott allait encore plus loin : il a refusé d’être jugé sur son art, affirmant que chaque performance devait exister pour elle-même, pas pour servir de piédestal à une industrie obsédée par le prestige. Scott a d’ailleurs tendance à s’isoler, vivant loin des projecteurs, et ne revenant sur ses positions que pour expliquer que jouer était déjà une récompense suffisante. Dans la foulée de son choix, il a encouragé certains collègues à ne pas se laisser happer par la mécanique du vote et des campagnes d’influence orchestrées par les studios, bien avant que ce phénomène ne devienne ultra-médiatisé.

AnnéeActeurFilmCatégorieRéaction lors de la cérémonie
1971George C. ScottPattonMeilleur acteurAbsence totale et refus officiel
Pourquoi ces refus ont changé les Oscars

Pourquoi ces refus ont changé les Oscars

Impossible de mesurer l’impact de ces refus sans replacer le tout dans la culture hollywoodienne très codifiée des années 1970. À l’époque, l’Oscar n’était pas seulement une récompense : il consacrait une carrière, boostait un cachet, ouvrait la voie à de nouveaux scripts, à des budgets plus larges et à la reconnaissance médiatique internationale. Refuser ce symbole, c’était bousculer l’ordre établi et redéfinir le sens de la victoire. Le geste de Brando, en particulier, a enflammé les plateaux télévisés et semé le malaise parmi les organisateurs de la cérémonie. Hollywood s’est retrouvé forcé de se regarder dans le miroir, de discuter de la représentation des minorités, de la politique de l’industrie, même si la réaction immédiate a surtout été de verrouiller davantage les prises de parole imprévues.

Quant au cas George C. Scott, il a ouvert un autre débat : la compétition peut-elle vraiment avoir un sens dans l’art ? Beaucoup d’acteurs se posent toujours la question : qu’est-ce qui fait qu’un rôle est « meilleur » qu’un autre ? Le refus très rationnel de Scott n’a pas empêché d’autres grands noms de rêver d’Oscar. Mais il a offert à ceux qui doutaient une sorte de caution morale, la possibilité de dire non sans risquer l’exil hollywoodien. Scott est ainsi devenu, malgré lui, le porte-étendard du droit à la dissidence dans un environnement où « jouer le jeu » était jusque-là la règle absolue.

Les deux cas, quoique très différents, ont eu en commun de démythifier un peu la cérémonie, de rappeler que la statuette dorée reste un trophée, pas une fin en soi. Cette distance, Marlon Brando et George C. Scott l’ont payée d’un certain isolement dans l’industrie, des années durant. Mais beaucoup leur reconnaissent la lucidité de ne jamais s’être laissé griser par les applaudissements ou par le prestige factice. Après leur refus, d’autres formes d’engagement se sont développées : certains acteurs portent des messages plus discrets, d’autres utilisent la scène pour exprimer ouvertement des revendications. Récemment, les polémiques autour du manque de diversité aux Oscars – le fameux hashtag #OscarsSoWhite – résonnent avec la démarche pionnière de Brando et, dans une moindre mesure, avec l’intransigeance de Scott.

Que peuvent apprendre les acteurs aujourd’hui ?

Avec le temps, la posture de ces deux monstres sacrés inspire – ou du moins interroge. Pour les jeunes talents qui rêvent d’Hollywood, l’histoire des Oscars refusés montre que le courage d’écouter ses convictions peut peser au moins autant qu’une vitrine pleine de récompenses. Marlon Brando, par son discours social relayé par Sacheen Littlefeather, a montré que la scène mondiale pouvait servir à autre chose qu’à remercier son agent ou sa famille. Les débats d’aujourd’hui sur la diversité, la place des minorités, la force des récits offerts par le cinéma puisent leur source, en partie, dans cette soirée de 1973.

George C. Scott, lui, a rappelé que, même dans un décor brillant, chaque acteur a le droit de donner du sens à ses choix. Son refus raisonné, loin d’être un simple geste d’orgueil, pose les bases d’une réflexion toujours actuelle sur la compétition et la définition du succès. Et même si seuls deux acteurs ont vraiment refusé la statuette à ce jour, plusieurs – de Paul Newman à Woody Allen, en passant par Katharine Hepburn – ont boudé la cérémonie pour différentes raisons, sans jamais pousser le geste jusqu’au refus public.

Alors, faut-il tout accepter pour réussir à Hollywood ? Peut-on s’engager, être récompensé, mais dire stop à la reconnaissance officielle si elle ne correspond pas à ses valeurs ? Les exemples de Brando et de Scott prouvent que l’intégrité et l’audace laissent autant de traces que les grands discours de remerciement. Aujourd’hui, quand des acteurs affichent leur engagement sur le tapis rouge ou choisissent de ne pas participer à l’événement (soit pour cause de conflit, soit par engagement personnel), on ne perçoit plus ce choix comme une folie mais comme une liberté. La vraie leçon de ces deux histoires ? Rester fidèle à soi-même, même quand le monde entier regarde.

Comme quoi, décrocher un Oscar, ça dépend d’abord de soi. Ou de ce qu’on est prêt à refuser.

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