Difficile d’imaginer aujourd’hui le choc visuel et le vent de folie qu’a provoqués Voyage dans la lune lors de sa première projection en 1902. À Lyon, dans n’importe quelle salle obscure, un film comme ça, ça ne s’était jamais vu. Georges Méliès, magicien reconnu avant d’être réalisateur, a réuni tout son savoir-faire pour créer le tout premier film de science-fiction, bien avant que Hollywood ne s’en empare. Le film montre des astronomes excentriques lançant une capsule en forme de balle de canon droit sur la lune. Le résultat ? Un sablier inversé des effets spéciaux, des décors hallucinants, et cette fameuse séquence où la capsule atterrit dans l’œil de la lune, qui a fait rire et émerveiller le monde entier. À Lyon, certains vieux racontent que des spectateurs avaient même eu peur en voyant le tir partir : la magie opère, même quand on sait que tout est en carton pâte !
Méliès s’est inspiré des romans visionnaires de Jules Verne et H.G. Wells pour écrire ce scénario. Ce qui le distingue, c’est son côté à la fois bricolé et fantasque. Pas besoin d’ordinateurs : il colle, peint, joue avec des miniatures, et filme tout avec une inventivité à la limite de la folie. Le film dure à peine 14 minutes mais chaque plan fourmille de détails et d’idées. La société Pathé l’a vu comme une occasion en or pour implanter le cinéma français à l’international. Si vous êtes curieux de voir à quoi peuvent ressembler des costumes de Sélénites – ces créatures lunaires inventées pour l’occasion – ouvrez l’œil : entre acrobates de cirque et costumes d’insectes, c’est du jamais vu à l’époque.
Pas besoin de gros budgets ni de CGI pour impressionner : Méliès révolutionne littéralement les effets spéciaux avec trois bouts de ficelle et un cerveau qui ne s’arrête jamais. Il utilise la technique du « stop trick » : il arrête la caméra, modifie une scène, puis relance, donnant l’impression que les personnages disparaissent, explosent, ou se transforment. C’est grâce à ce genre d’astuces que la magie opère : les astronomes se retrouvent sur la lune en un clin d’œil, affrontent les Sélénites qui éclatent en nuage de fumée, et repartent sur Terre avec une danse collective à la clef. C'est du grand spectacle, sans prétention, mais avec une poésie folle.
Il peint à la main certains exemplaires du film, plan par plan, pour offrir des projections en couleur. Imaginez le travail dingue : chaque copie colorisée prenait jusqu'à trois mois et coûtait une fortune, mais la demande explose partout, surtout aux États-Unis. D’ailleurs, voilà un chiffre qui claque : en 1903, le film est projeté dans toutes les grandes villes américaines et plus de 50 copies circulaient à travers le monde. Ces versions colorisées sont aujourd’hui des trésors dans les cinémathèques, et les restaurations du XXIe siècle début des années 2010 ont permis de retrouver une version presque intacte de la bobine originale. Georges Méliès, c’est un peu l’influenceur de ses débuts : tout le monde a voulu copier ses effets.
Vous vous demandez sûrement pourquoi un film muet, où des types maquillés en savants fous dansent autour d’un obus en carton, a traversé les océans et les décennies. Sa réponse tient à deux mots : magie pure. Voyage dans la lune, ce n’est pas juste une histoire de lune – c’est du cinéma qui ose tout, qui ne s’impose aucune limite. Les scènes sont bourrées de trouvailles visuelles. L’œil de la lune, qui fait la moue après avoir pris un obus en pleine tête, c’est l’un des plans les plus célèbres de l’histoire. Si Martin Scorsese lui a rendu hommage dans Hugo Cabret, ce n’est pas pour rien : c’est une déclaration d’amour à la créativité sans bornes.
Le film continue d’attirer des artistes et passionnés. Dans la musique, le groupe Air a d’ailleurs redonné vie à la version colorisée avec une bande-son moderne en 2012. En art, la lune de Méliès fait partie des images les plus reprises, transformées, parodiées, sur toutes sortes de supports… même sur les affiches de festivals geek. Méliès n’était pas juste un bricoleur ; c’était un précurseur, presque un punk du 7e art. Et chez les fans de science-fiction, il reste la référence ultime.
Pas besoin de traverser l’Atlantique ni de fouiller les greniers poussiéreux : il existe mille façons de (re)voir Voyage dans la lune aujourd’hui. De nombreuses plateformes de streaming proposent des versions restaurées, parfois en noir et blanc, d’autres colorisées, et souvent accompagnées de musiques originales ou remixées. Pensez aussi aux festivals consacrés au cinéma muet : à Lyon, l’Institut Lumière organise quasiment chaque année une projection avec des musiciens live. Rien à voir avec la vidéo Youtube vue sur portable, croyez-moi : l’ambiance de la salle, les rires ou les frissons collectifs donnent à la projection un charme inimitable.
Pour ceux qui aiment l’histoire du cinéma, poussez un peu la curiosité : plonger dans les bonus proposés sur certains DVD ou Blu-ray vaut le détour. On y découvre les coulisses de la création, la fabrication des décors, les anecdotes de tournage (par exemple, la scène du lancement de la fusée a été filmée sur le toit des studios de Méliès à Montreuil). Connaître ces petits trucs rend chaque visionnage plus savoureux. Et pour voir à quel point le film a traversé les époques, regardez comment il a été détourné dans des films récents, des publicités, ou même des animations Pixar. La lune de Méliès continue d’influencer nos écrans.
Impossible de finir sans quelques anecdotes et chiffres clés. D’abord, la lanterne magique de Méliès : il a produit plus de 500 films entre 1896 et 1913, mais la plupart sont aujourd’hui perdus ou endommagés. « Voyage dans la lune » a survécu grâce à des collectionneurs et archivistes passionnés, souvent à l’insu de Méliès lui-même, qui a dû vendre ses films à la ferraille pendant la guerre. En 2011, une version colorisée retrouvée chez un collectionneur espagnol a nécessité plus de 10 ans de restauration. Résultat : le film a fait le tour du monde à Cannes, comme une star revenue d’entre les morts.
Une autre astuce qui surprend : Méliès a joué lui-même le rôle du chef des astronomes, pour ne pas avoir à payer un acteur supplémentaire. Les costumes de Sélénites, cousus à la main, étaient si fragiles qu’ils ne tenaient qu’une ou deux prises : après, il fallait tout réparer ou recommencer… Et, détail hallucinant : l’une des premières diffusions à New York a réuni plus de 5000 spectateurs en quelques jours, dans une salle bondée, en 1903. Le succès était tel que des copies piratées pullulaient déjà – le piratage n’a pas attendu internet !
Année | Événement | Lieu | Chiffre clé |
---|---|---|---|
1902 | Première projection | Paris | 14 minutes |
1903 | Diffusion à New York | New York | +5000 spectateurs |
2011 | Restauration colorisée retrouvée | Espagne | 3 ans de restauration |
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juillet 18, 2025 AT 00:00
Ah, Voyage dans la lune, une œuvre qui transcende son époque avec une audace formelle rarement égalée dans la protohistoire cinématographique. Georges Méliès, en usant d’effets spéciaux artisanaux et d’une maîtrise narrative primaire, pose les jalons d'une poétique visuelle d'une rare opulence.
Il ne faut cependant pas se leurrer, son influence va bien au-delà du simple charme rétro. Ce film est une véritable archéologie du cinéma, une matrice qui a engendré les paradigmes filmiques contemporains. Chaque plan, chaque trucage, est à analyser sous l’angle de la sémiotique cinématographique.
Ce qui est fascinant, c’est aussi la façon dont Méliès contourne les contraintes de la technologie de son temps — il invente, détourne, crée, dans une démarche quasi-alchimique.
Doit-on rappeler que ce court-métrage est encore aujourd’hui un corpus fondamental pour qui veut comprendre la genèse des dispositifs narratifs et esthétiques qui structurent le cinéma moderne ? Qui plus est, sa dimension mythologique et symbolique transcende le simple divertissement.
En somme, c’est un objet d'étude incontournable, à remettre constamment en lumière dans nos analyses critiques.
juillet 22, 2025 AT 05:40
Oh la la, je ne peux pas m'empêcher de sourire devant autant de sérieux pompeux autour d'un film muet en noir et blanc qui fait à peine 14 minutes.
Oui, c'est culte, oui, c'est une merveille technique pour son époque, mais ce n'est pas non plus une thèse de doctorat en cinéma. Parfois, faut juste accepter que c’est un film amusant, pas un traité philosophique sur l’art narratif.
Et puis, franchement, est-ce qu’on regarde ça aujourd’hui par intérêt esthétique ou juste pour rigoler de ces effets spéciaux d’époque ?
Non parce que moi, j’imagine bien l’effet sur un spectateur lambda : « Ah ouais, ils ont vraiment mis la lune dans le décor avec un truc en carton ? »
Tout ça pour dire que ce film est cool, mais qu’il ne faut pas prendre tout trop au sérieux. Même si certains semblent avoir un abonnement premium à la pompe !
juillet 25, 2025 AT 12:26
Attend, mets-toi à ma place une seconde. Tu penses vraiment que ce film est juste un bijou artistique ? Bah non, c’est clairement une propagande cachée.
Tout cet enthousiasme autour du voyage lunaire, c’est pour nous faire avaler des idées, préparer les foules pour un future où la science sera toute-puissante et la nature dominée.
Ils ont caché plein de symboles dans ce film, c’est évident - regarde la façon dont la lune est anthropomorphisée, c’est pas innocent.
Et ces astuces visuelles ? De la poudre aux yeux pour impressionner, masquer autre chose, genre manipuler l’opinion publique.
Moi, je ne me laisse pas berner par cette propagande déguisée en art. Il faut savoir lire entre les images, les narrations subliminales. Tenez-vous prêts, ils préparent encore plus gros.