Vous avez peut-être entendu parler de « screeners » dans les festivals de cinéma, mais dans le monde des élections, ce mot désigne autre chose : les mécanismes qui vérifient qui peut voter, et comment. Ce n’est pas du cinéma. C’est de la logistique, de la cybersécurité, et parfois, de la survie démocratique. Entre portails en ligne, bases de données sécurisées, et protocoles anti-fraude, les États-Unis ont construit un système complexe - et fragile - pour garantir que chaque vote compte, et que personne ne vote deux fois. Ce n’est pas parfait. Mais c’est ce qui existe aujourd’hui.
Avant de voter, il faut être inscrit. Et depuis 2002, la loi Help America Vote Act (HAVA) oblige chaque État à maintenir une base de données centrale, interactive, et en ligne. 49 États sur 50 exigent une inscription préalable. Cette base, appelée « voter registration system », est le premier point d’accès pour les électeurs. Elle permet de s’inscrire, de mettre à jour son adresse, ou de vérifier son statut. En 2022, 100 % des États utilisaient des systèmes électroniques pour cela. La Californie a traité 9,2 millions d’inscriptions entre 2012 et 2022, avec une disponibilité de 99,98 %. New York, 3,7 millions, avec 99,95 %. Ce n’est pas juste de la technologie : c’est de la confiance en ligne.
Les portails ne sont pas des sites web ordinaires. Ils sont connectés à des bases de données gouvernementales - permis de conduire, allocations sociales, services militaires - pour vérifier automatiquement l’identité. Mais 28 États n’ont toujours pas d’API pour connecter ces systèmes. Résultat ? Un électeur peut attendre jusqu’à 72 heures pour que son inscription soit validée. Et si la connexion échoue ? Des milliers d’électeurs abandonnent. Un électeur sur cinq dans un comté du Wisconsin a quitté le portail parce qu’il ne pouvait pas télécharger son pièce d’identité. Ce n’est pas une erreur technique : c’est un échec d’accessibilité.
Le jour du vote, c’est là que les « screeners » entrent en jeu. Ce mot n’apparaît pas dans les manuels officiels, mais il décrit parfaitement ce qui se passe aux bureaux de vote : un contrôle d’identité. 97 % des juridictions américaines utilisent maintenant des « e-Pollbooks » - des tablettes électroniques connectées à la base centrale. Un électeur présente sa pièce d’identité. L’agent vérifie son nom. Le système confirme : « Oui, il est inscrit. Il n’a pas voté ailleurs. »
Le Texas, par exemple, a 254 comtés. Chaque e-Pollbook communique avec les autres en temps réel. Si quelqu’un tente de voter à Dallas puis à Houston le même jour, le système le bloque. Et si l’électricité tombe ? Les systèmes ont des versions hors ligne. Le vote n’est jamais bloqué. Mais la vérification reste. Ce n’est pas une simple liste imprimée. C’est un réseau intelligent, avec des sauvegardes, des contrôles, et des alertes.
On parle souvent de « watermarks » dans les films ou les documents numériques. Mais dans les bulletins de vote ? Pas de filigrane. Les systèmes électoraux n’utilisent pas ce genre de marques visibles. Pourquoi ? Parce qu’un watermark pourrait révéler qui a voté. Et la confidentialité du vote est sacrée.
À la place, on utilise des hashes cryptographiques. Chaque bulletin papier scanné est encodé en un code unique, comme une empreinte digitale. Ce code est vérifié à plusieurs étapes : avant le dépouillement, après, et en audit. Les systèmes certifiés par la Commission d’assistance électorale (EAC) doivent aussi utiliser des supports « write-once » - qu’on ne peut pas effacer ni modifier. Certains États ajoutent des papiers spéciaux, des encre UV, ou des perforations uniques. Ce n’est pas de la magie. C’est de la science.
Les serveurs qui stockent les données des électeurs sont protégés par du chiffrement AES-256, le même que celui utilisé par les banques. Les accès administratifs exigent une authentification à deux facteurs. Les systèmes passent des tests de pénétration annuels. Et pourtant, entre 2016 et 2022, 12 États ont subi des fuites de données. En 2017, 198 000 électeurs géorgiens ont vu leurs informations volées. Ce n’est pas une menace théorique. C’est un risque réel, et constant.
Les systèmes sont robustes… sauf quand ils ne le sont pas. En 2022, à DEF CON - le plus grand rassemblement de hackers au monde - des chercheurs ont testé 22 portails de vote. Dix-huit avaient des vulnérabilités critiques. Mais attention : la plupart étaient des environnements de test, pas les systèmes en production. Ce qui inquiète les experts, c’est que les États utilisent des logiciels de fournisseurs tiers, souvent mal mis à jour.
Lawrence Norden, du Brennan Center, dit clairement : « Les juridictions qui utilisent des portails externes sans analyse continue de vulnérabilités ont 3,7 fois plus de risques d’être piratées. »
Et puis il y a les problèmes humains. Les élections de 2022 ont vu 61 % des juridictions subir des ralentissements des portails pendant les périodes de forte affluence. La résolution moyenne ? 47 minutes. Pendant ce temps, des électeurs attendent, paniquent, ou partent. Et les personnes âgées ? 49 % d’entre elles préfèrent encore le papier. Elles ne comprennent pas les formulaires en ligne. Elles ont peur de se faire voler leur identité. Ce n’est pas une question de technologie : c’est une question d’inclusion.
Le marché des systèmes électoraux vaut 287 millions de dollars en 2022. Trois entreprises dominent : Election Systems & Software (48 %), Dominion Voting Systems (31 %), et Hart InterCivic (15 %). Les autres États développent leurs propres systèmes - mais c’est cher. En moyenne, un État dépense 3,2 millions de dollars pour créer un portail conforme. Les petites comtés passent 8 à 12 semaines à former leur personnel. Les grandes, jusqu’à 20. Et même après, les pannes arrivent. 92 % des juridictions ont eu au moins un incident critique pendant les élections de 2022. La réponse du support ? De moins d’une heure pour les systèmes certifiés… à plus de 72 heures pour les solutions sur mesure.
Le manque de financement est un problème structurel. Le Brennan Center estime qu’il manque 387 millions de dollars par an pour maintenir les systèmes à jour. Sans cela, les failles s’accumulent. Et les attaques augmentent : selon le CISA, les tentatives d’intrusion sur les bases de vote ont augmenté de 37 % entre 2018 et 2022.
Les innovations arrivent. Le Colorado teste la vérification par empreinte digitale - 99,2 % de précision, mais des inquiétudes sur la vie privée. Sept États expérimentent des systèmes « zero-knowledge proof » : vous prouvez que vous êtes éligible… sans révéler votre nom, votre adresse, ou votre historique. C’est comme dire « Je suis majeur » sans montrer votre pièce d’identité.
Quatorze États testent la blockchain pour traquer chaque modification du registre électoral. Ce n’est pas pour rendre le vote en ligne - ce qui reste très controversé. C’est pour rendre la vérification transparente. Chaque changement est enregistré, immuable, vérifiable par n’importe qui - sans compromettre l’anonymat.
Le prochain guide de l’EAC, publié en 2024, exigera une surveillance continue et une détection automatique des anomalies. Ce n’est plus une option. C’est une obligation.
Vous n’avez pas besoin de comprendre les hashes ou les e-Pollbooks pour voter. Mais vous devez savoir que votre vote est protégé - et qu’il peut l’être mieux. Si vous avez eu du mal à vous inscrire en ligne, c’est normal. Ce n’est pas vous qui êtes en cause. C’est le système. Et si vous avez vu un bulletin de vote avec une marque étrange ? Ce n’était pas un watermark. C’était un code de sécurité invisible, conçu pour ne pas être vu, mais pour être vérifié.
La démocratie ne repose pas sur des caméras ou des mots de passe. Elle repose sur la confiance. Et cette confiance, elle se construit jour après jour, avec des mises à jour, des audits, des formations, et parfois, avec des erreurs qu’on corrige. Le système n’est pas parfait. Mais il est là. Et il évolue.
Dans les systèmes électoraux, il n’y a pas de watermark comme dans les images ou les films. Les bulletins de vote utilisent des codes cryptographiques, des encres spéciales, ou des papiers sécurisés pour empêcher la falsification - sans révéler l’identité de l’électeur. Le terme « watermark » est un malentendu courant, souvent confondu avec les mécanismes de traçabilité cryptographique.
Ils sont conçus pour être sécurisés, avec chiffrement AES-256, authentification à deux facteurs, et tests annuels. Mais ils ne sont pas inviolables. Entre 2016 et 2022, 12 États ont subi des fuites de données. La sécurité dépend aussi de la mise à jour des logiciels et de la formation du personnel. Les systèmes bien gérés, comme ceux du Colorado, ont réduit les tentatives de fraude de 89 %.
Les portails en ligne ne sont pas toujours conçus pour les personnes âgées. 41 % d’entre eux ne respectent pas les normes d’accessibilité WCAG 2.1 AA. Les problèmes les plus fréquents : difficultés à télécharger des documents, textes trop petits, boutons mal placés. Pour 49 % des électeurs de plus de 65 ans, le papier reste plus simple et plus rassurant.
Un e-Pollbook est une tablette électronique utilisée dans les bureaux de vote pour vérifier l’identité et l’éligibilité des électeurs en temps réel. Il est connecté à la base centrale des inscrits et vérifie que la personne n’a pas déjà voté. 97 % des juridictions américaines les utilisent. Ils fonctionnent aussi en mode hors ligne pour éviter les coupures.
Non, pas pour la majorité des électeurs. Seuls certains groupes spécifiques - comme les militaires à l’étranger ou les personnes handicapées - peuvent voter par internet dans certains États. Le vote en ligne généralisé est considéré comme trop risqué par les experts en sécurité. La priorité reste les bulletins papier avec des systèmes de vérification robustes.
Les États gèrent leurs propres systèmes, sous la supervision de la Commission d’assistance électorale (EAC). L’EAC ne contrôle pas directement les systèmes, mais elle établit les normes de sécurité (Voluntary Voting System Guidelines) et certifie les fournisseurs. Les comtés et villes gèrent l’implémentation locale, ce qui explique les différences entre États.